Vous l’avez sans doute vu vous aussi, il n’est plus une votation en Suisse sans qu’au soir du résultat une petite partie des citoyens de ce pays prétende avoir honte d’être Suisse. Une fois les fans de la gauche, une fois les supporters de la droite. Ça leur fait toujours un point commun!
Mais qu’est-ce que c’est que ces histoires de débiles, ces réflexions de comptoir? Est-ce qu’on doit avoir honte d’être un homme quand Bertrand Cantat torgnole Marie Trintignant? Doit-on avoir honte d’être Belge quand sort l’affaire Dutroux? Faut-il avoir honte de fréquenter l’école quand un élève tire sur les autres au fusil? Faudrait-il, enfin, avoir honte d’acheter ses meubles chez Ikea si tel tueur en série en fait de même?
Non, non et non.
Si 1.53 million de Suisses (57.5 % des 53 % de votants) font un choix différent du mien lors d’une votation récente, c’est leur choix. Moi aussi j’ai choisi, j’ai voté, et je n’ai pas à avoir honte de l’opinion des autres. Je prétends même n’éprouver de la honte que sur mes propres actions, mes propres choix. Je n’ai besoin de personne pour avoir honte et personne ne doit se permettre de penser que je puisse avoir honte pour lui, lui faire honte.
Le plus amusant est de constater que nombre de ces personnes honteuses n’ont pas voté[1]! Mais par contre, pour ça, non, ils n’ont pas honte. Et moi je n’ai pas honte pour eux non plus; qu’ils se démerdent!
Et quant à parler de honte, parlons aussi de son contraire : la fierté. Pas plus que je n’ai honte d’être suisse ou d’être un homme, je n’ai pas de fierté d’être suisse ou d’être un homme. Comme pour la honte, je pense qu’il n’y a que sur mes choix, mes actions, que je puisse ressentir de la fierté.
Et comme je suis un humain tout à fait ordinaire, je dois dire que je n’éprouve que très rarement de la honte et de la fierté. Mes choix, mes actions m’emplissent normalement de sentiments plus mitigés, plus tempérés, moins extrêmes.
Notes
[1] Enfin, ceux qui pouvaient voter, naturellement. Nos amis étrangers sont ma foi exclus de ce genre de votations. J’espère qu’ils n’en ont pas honte.