Le microcosme de l’humour romand ne bruisse en ce moment que de cette histoire: un sketch de Claude-Inga Barbey qui a fait plus ou moins rire de Genève à Porrentruy.
Je dois avouer qu’elle ne m’a pas fait rire. Ni cette fois, ni les dizaines d’autres fois depuis des décennies. Jamais, sauf erreur, elle ne m’a fait rire. Mais je ne l’ai pas importunée pour autant par internet, je n’étale pas mon avis partout ni l’érige en Vérité Universelle. Je ne la trouve pas drôle, tant pis pour moi, tant pis pour elle.
Je crois savoir qu’elle en fait rire d’autres, et rien que pour cela il faut qu’elle continue. Dans la vie en général, et plus encore dans la période actuelle, qui devient gentiment la norme, il est important pour chacun de rire. Et comme nous ne rions pas, c’est heureux, tous des mêmes choses alors il nous faut des gens avec différents types d’humour. Et si certains ont en beaucoup, pourquoi ne pas le partager avec celles et ceux qui semblent en être carencé-e-s?
Nous voici dans la deuxième vague de la COVID-19[1]Notez que personne ne parle de la seconde vague… . Entre les anti-masques, les pro-confinement, il est dur de se faire un chemin et, de là, une idée précise. De plus, je n’ai pas fait, moi, ce cursus en épidémiologie de 3x 6min sur facebook, alors forcément, je ne suis pas un spécialiste…
Toute cette haine, toute cette arrogance, sur les réseaux dits sociaux[2]Jamais un truc aura porté un nom aussi loin de sa signification précise , dans certains médias, dans la rue. Certain.e.s, on le voit, tentent d’exister, voire de se profiler pour une carrière à venir, et pour cela tout est bon, même, et surtout, raconter n’importe quoi tout partout, sans avoir jamais, évidemment, ouvert le moindre livre sur le sujet traité.
Il est loin le monde des années 80 avec leur insouciance, leur soif de progrès et leur mixité, elle, sociale. Chacun se radicalise, souvent même sans le vouloir, sans le remarquer.
Jean-Pierre est un gros con, il croit vraiment que […][3]Remplacez avec tout ce que vous voulez Gasp.
Au milieu de tout ça, l’excellent Alain Mabanckou:
On va dépasser la polarisation (…) si on explique aux gens que nous ne devons plus vivre dans une époque où nous minimisons ce qui nous fédère et exagérons ce qui nous divise.
Et en même temps, en le lisant, je me dis que c’est vain, trop tard. Chacun se replie sur sa nation, sa région, sa ville, son quartier, sa maison, son cocon… Même sans COVID, le tableau est bien plein: Trump, la Pologne, l’islamisme radical, le climat, la malbouffe, les guerres picrocholines de la politique locale et j’en passe. On retourne dans le moyen-âge vitesse plein pot, tournant le dos aux Lumières et certains sont heureux du voyage. Quel gâchis.
Je discutais l’autre jour avec un vieux pote habitant un pays voisin. Il me disait qu’il regardait beaucoup de films de science-fiction ces temps. « Moi aussi », lui dis-je. Et de se dire que la vie en ce moment est tellement loin de nos espérances qu’il nous faut des histoires du fond de la galaxie pour se changer les idées.
Interstellar, Ad astra, Solis, Rogue One, rien de très amusant ni optimiste, mais suffisamment loin pour qu’on se laisse déconnecter, au propre comme au figuré, de la doxa d’un moment qui ne fait que durer.
Car oui, cette chère culture, comme disait François Pérusse, est un des quelques moyens de se reposer la tête. J’ignore si Fast and Furious 19 c’est de la culture, j’ai aussi raté le cursus en Analyse et critique des arts et de la culture en trois tweets. Mais ça par exemple:
Ne serait-ce pas l’une des plus belle chanson au monde? Est-ce que ça ne fait pas du bien de s’arrêter trois minutes, fermer les yeux et écouter l’un des nombreux bons titre de Pet sounds?
Pour un peu, j’aurais presque envie de croire en l’humain!
On l’a un peu tous entendu, celle-là, durant cette crise du coronavirus. Ma réponse est sans appel: « je travaille ».
C’est l’occasion de montrer aux enfants que bien des humains ne voient le monde qu’au travers de leurs propres yeux: si moi je ne travaille pas, personne ne travaille. Ce syndrome de déformation de la réalité a une source ma foi bien connue: l’égocentrisme. Seule leur vision est la bonne, seul leur avis compte, leur expérience est la plus grande et la meilleure, et ainsi de suite ad nauseam.
C’est ce qui en fait, en 3 secondes, des experts en pandémie, en politique, en budget public, en mécanique automobile, en informatique, etc.
Si c’est un sentiment au départ bien humain –on sait notamment que les bébés pensent, sans y penser, être le centre du monde– il est de mise, ensuite, pour une grande partie d’entre nous, que ce sentiment s’en aille et fasse place à des formes d’altruisme et d’empathie plus ou moins développées.
Et si on peut toujours trouver d’indécrottables égoïstes vindicatifs au café du commerce et sur facebook notamment, ils sont relativement[1]mon côté optimiste n’est pas tout à fait mort peu nombreux. Mais on a tous une part d’égocentrisme inconscient et placide, celle qui nous préoccupe ici et dont il est un combat constant que d’essayer de s’en détacher, à condition de la conscientiser.
Apprendre à voir le monde au travers des yeux des autres est un cheminement qui, s’il n’est pas naturel, est néanmoins salutaire quelque soient vos opinions. Cela n’implique pas que nous partagions les opinions des autres, mais juste que nous tenions compte non seulement de leurs opinions, mais aussi de leurs réalités. Vendeurs ou enseignants, policiers ou politiciens, grands patrons ou ouvriers. C’est aussi ça, la solidarité, non?
… quoi qu’il advienne nous appartient, chantaient les NTM. Et c’est toujours vrai. Mais qu’est-ce que nous voulons dans le monde de demain? Je lisais hier, je cite de mémoire:
Gérard Depardieu est en ce moment assez remonté contre le président de la République Emmanuel Macron
Non, mais vraiment, qui cela intéresse-t-il? La mégalomanie de certains membres d’une élite largement auto-proclamée doit-elle automatiquement trouver, en face, l’avidité des masses pour les nouvelles people et leurs cortèges de vérités forfanteries ?
On a beaucoup critiqué, non sans raison, les réseaux sociaux et voici que la presse se transforme en interface entre ces réseaux sociaux et leur lectorat. Plus d’enquête, plus d’avis, juste des copier/coller de Facebook vers le journal. Ça sent le sapin car tôt ou tard, les gens vont voir qu’ils peuvent avoir les vérités quotidiennes de Gégé en direct, sur le grand ternet, sans passer par la case presse.
On a aussi celles et ceux qui gloussent sur Insta, trouvant normal de nous montrer leur vie fantasmée, érigée en exemple pour nous autre, pauvres gens abrutis, incapables de reconnaître le bien du mal, le bon du mauvais. Ils définissent le beau, le drôle et le chic. Foutaises! À chacun son beau, à chacun son drôle, c’est ça le vrai chic!
Ailleurs, ce sont d’aimables professeurs retraités qui passent du côté sombre en invectivant un peu tout le monde, via Twitter, du haut de leur tour d’ivoire qui se délite. Tenants d’un ancien monde, leur ancien monde, où certains voyaient en eux des phares, ils ne sont plus que de piteuses boussoles qui indiquent le sud. Qui donc peut-il être intéressé par les avis rageurs de ces aigris? Le monde de demain n’a pas besoin de leurs vociférations, qu’on les laisse donc en paix, ouste!
Si la crise du coronavirus peut servir, outre pour l’écologie ou le consommer local (Mais pour ces deux, j’ai malheureusement bien peu d’espoir, hélas), ce pourrait être de faire table rase de toute une cohorte de penseurs qui ne pensent à pas grand-chose sauf à eux-même. Politiciens, artistes, youtubeur ou instagrameuse, philosophe ou héros, dévissons gentiment les piédestaux. Il est vrai que notre déférence à leur égard pendant des décennies les a conforté dans ce rôle. Mais il est grand temps de nous émanciper. Au revoir! Adieu!
Ouais, c’est un peu dur comme titre. Mais en même temps, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas averti, amis lecteurs!
Je déteste le cirque. Quand j’étais enfant, il arrivait que quelqu’un de notre entourage se prenne des envies de bonne action et nous paie un billet pour le cirque. Quelle horreur!
Et voilà les chevaux, cataploc, cataploc, avec la jolie écuyère qui tient debout sur le cheval, cataploc cataploc… Ah mais combien j’ai espéré qu’elle se ramasse la tronche par terre, celle-là! Ah, mais non, ce n’est pas encore fini, encore un tour sur un pied, un sans les mains…
Enfin, c’est terminé, voici venir les clowns! Chouette, paraît que c’est drôle! «Oh, mais bonjour monsieur tire-la-gueule, une photo?» Hop!, pouet-pouet, l’appareil photo gicle le second clown, le triste parait-il. Moi je les trouve tous deux tristes et carrément nuls. Des grosses godasses pour un tout petit chapeau: de gros pieds et un tout petit cerveau.
Et vas-y que ça continue avec les éléphants, toujours avec la jolie écuyère, cette fois assise sur une trompe. Ta-tata tata-tada-tata!
Puis vint le moment de tendre le filet de sécurité, les acrobates sont dans la place. Deux hommes forts pour une dame toute frêle. Deux trapèzes et une boule de nerfs de 40 kilos max qui se trimbale entre les deux géants suspendus par les genoux. Brrr… Tout le monde s’arrête de faire du bruit, des fois qu’on rate un cri ou le bruit de la chute dans le filet. De gauche à droite; de droite à gauche, les sauts d’une homme à l’autre sont ponctués d’un effet sonore que pousse l’orchestre. Roulements de tambour occupent l’espace sonore pour le reste du spectacle. Tu deviens dingue au bout de 45 secondes. Mais faites taire ces musiciens d’opérette de cirque et laissez ces acrobates stopper ce numéro qui, bien que très réussi, était, du coup, plutôt pénible. Ta-Pssshhh!
Ajoutez à cela la dame contorsionniste qui arrive à rentrer dans sa propre poche, le jonglage comique qui ne fait pas même rire le jongleur et le monsieur Loyal qui nous tue les tympans depuis le début. Beurk.
Seule bonne nouvelle: il y avait un entracte. Mais ça fait cher la glace…
J’ai lu récemment[1] un ouvrage sympa, Mainstream, de Frédéric Martel[2]. Il y fait un état de la des cultures dominantes dans le monde; qui écoute quelle musique, qui va voir quels films, etc.
En fin de lecture, une question me vint : et moi? Et moi, suis-je Mainstream? Non pas dans ma consommation[3], mais dans ma production.
Aujourd’hui, j’écris une chronique hebdomadaire pour les radios locales. Je ne sais pas au niveau de l’audience de la radio[4], mais autour de moi c’est mitigé. La page Facebook de ma chronique a moins de fans que ce que j’y ai d’amis; c’est dire!
Il y a des années, j’ai lancé un site web à l’humour glacé et sophistiqué : fricheule.net. Armé d’un concept prometteur : la chronique d’un village de tarés menés à la baguette par un maire autoritaire, autocrate et dispendieux. Et pourtant, l’insuccès fut au rendez-vous! Personne, sauf quelques proches dont la moitié sont les gens qui m’ont aidé à le faire, n’a jamais entendu parler de ce site. Si je peux revendiquer un lecteur à l’étranger, que je ne connaissais pas avant, force est de constater que le produit n’intéresse pas. Ou ne se vend pas tout seul. Tant pis! C’est tout de même un endroit où je peux inventer n’importe quoi, déblatérer tranquillement, loin de toutes influences autres que celles dues à mon pauvre cerveau malade.
Il y a encore plus d’années, alors que j’étais permanent dans un lieu culturel, j’y ai organisé quelques-uns des plus beaux fours du lieu. Alors que mes compères, pros de la musique, bergers des foules et remarquables tacticiens, faisaient venir des artistes attirant plus de gens que la salle ne pouvait en contenir; moi je produisais des heures où il y avait plus de monde pour servir au bar que de membre du public dans la salle[5] Tant pis! J’ai pris beaucoup de plaisir aux soirées qu’ils organisaient; ma place était ailleurs. Et j’ai payé de ma personne, allant jusqu’à mettre en jeu ma propre console de jeu, dans un concours débile après avoir été lâché par mon sponsor.
Encore plus loin dans le temps, j’ai fait partie de ces groupes musicaux nés de la frustration de devenir ado et de ne pas avoir de petite copine. J’ai cessé de jouer de la guitare le jour où j’ai vu qu’en quelques jours mon frère jouait mieux que moi qui m’échinais sur ce foutu instrument depuis des mois. Je ne suis même pas allé jusqu’à faire un concert avec mes maigres accords arrachés à la nuit! Pourtant, je me voyais déjà, je tenais un concept pur et limpide: la rage de la sincérité et de l’inventivité pour palier au talent. Incompris, je restais. Plus tard, j’ai secondé, aux claviers[6], un pote qui jouait dans quelques bars dans des samedis qui me coutaient plus que ce qu’ils ne me rapportaient. Mes ajouts audacieux de samples débiles aux moment les plus inopportuns ne fera rire que moi. Match nul, sans le match.
Il y a deux façons d’analyser tout ça :
Je fais dans la culture élitiste. La finesse de mon humour n’a d’égal que celle de l’annuaire de mon public. Il faut que j’élargisse ce petit public d’initiés.
Je suis un gros nul et seuls quelques autres gros nuls se complaisent à apprécier mon travail. Je ferais mieux d’arrêter.
Bigre. Évidemment, la seconde solution est fausse, tout comme ma modestie! Reste que la première est un ramassis de vieilles excuses bidon régulièrement produites par tous ceux qui ratent leur public. Alors?
Alors rien. Avec un peu de bol, on redécouvrira mes oeuvres d’ici un ou deux siècles, je serai lu à l’université et on donnera mon nom à un lycée professionnel de seconde zone.
Bigre.
Notes
[1] Grâce à un collègue qui me le prêta. Joies du livre en vrai papier, on peut le prêter facilement. Nos petits-enfants ne voudront même pas y croire…
D’où viennent les noms propres de lieux géographiques? Qui décide du nom de telle montagne ou de tel lac? En fait, c’est un peu chaotique. Quelques exemples.
L’océan Pacifique
En 1520, Magellan, explorateur portugais, nomme ainsi l’océan à cause du temps calme rencontré en naviguant dessus. Mais notre héros est tout surpris de trouver un océan vide. Les seuls îlots qu’il approche ne lui permettent pas d’accoster. Du coup, tout son équipage est atteint des maladie alors en vogue dans ce genre de cas: scorbut et béribéri. Ils finissent quand même par arriver aux Philippines, notamment à l’île de Lapulapu. Mais les habitant de cette dernière ne voient pas les européens comme des amis et les attaquent. Magellan lui-même sera tué par une horde de sauvages à moitié nus qui, eux, ne l’étaient pas, pacifique. À noter près de cinq siècle plus tard, l’humour qui se cache dans l’expression Guerre du Pacifique, utilisée lors de la seconde guerre mondiale.
La Vilaine
Du temps des Francs[1], ce fleuve se serait appelé Vicenonia, le nom d’une déesse qui aurait signifié la « Victorieuse » ou la « Combattante ». Au fil de l’histoire, le nom serait devenu Visnogne, Visnègne puis Vislaine avant de devenir, donc, la Vilaine. Quand même, se servir de l’histoire pour expliquer un passage de Victorieuse à Vilaine, faut oser!
Mount Maunganui
Cette montagne de Nouvelle-Zélande a un nom dit pléonasmique. En effet, en Maori, Maunganui signifie Montagne. C’est donc le Mont Montagne! Notons qu’il existe des centaines de cas identiques de par le monde: Mississippi signifie Longue rivière, Gobi signifie grand et sec, etc.
Les Néo-Zélandais savent aussi donner des noms plus originaux à leurs collines, hein! Pas facile à dire sans reprendre son souffle, même si on est du coin. Ce nom signifie Le sommet où Tamatea, l’homme aux gros genoux, le grimpeur de montagne, le marcheur invétéré, joua de la flûte à un être cher en Maori. Finalement, le Mont Montagne, c’est pas si mal 🙂
Parc national Kruger
Sis au nord de l’Afrique du sud, ce grand parc national doit son nom à Paul Kruger, qui, en 1896, fît en sorte que le parlement du Transvaal accepta la création de cet espace. Mais ce cher Paul n’a pas fait que ça dans sa vie, il est notamment connu pour avoir été l’un des principaux dirigeants de l’Afrique du sud à résister aux anglais[2]. Nationaliste, inspiré uniquement par les Saintes-Écritures, il a finit sa vie exilé en Suisse où il meurt en 1904. Il est question de rebaptiser le Parc Nelson Mandela.
Il nous arrive à tous, parfois ou souvent, de faire des prédictions à côté de la plaque. Quand c’est avec trois potes au bar, c’est déjà pas terrible. Mais imaginez un peu que vous soyez très connu et très écouté… Sélection.
Pour ce faire, on va naturellement se déplacer dans une zone grise, située entre la plus parfaite légalité et la plus grande illégalité. L’emploi de procédés douteux est de rigueur: vous venez d’ailleurs d’être victime de l’un d’eux: le titre racoleur. Aurez-vous le courage de lire l’article?
C’est de notoriété publique: les humains font souvent de grosses conneries. Parfois, bien sûr, il le font exprès (guerres, etc) ou en se doutant bien des conséquences funestes possibles (pétroliers échoués, etc). Mais parfois, l’homme n’est pas même assez malin pour se rendre compte de la maxi-boulette qu’il est en train de faire.
Il est des choses qu’on dit comme ça, sans y penser vraiment. On appelle ça des expressions. Mon dico m’en donne la définition: ce qui est exprimé par le language. Ben voyons…